La percée de l’IA ChatGPT déclenche l’alarme sur la tricherie des étudiants.
Les universitaires exhortent les universités à développer de nouvelles formes d’évaluation après le lancement d’un programme imitant la rédaction de dissertations.
Les universités sont invitées à se prémunir contre l’utilisation de l’intelligence artificielle pour rédiger des dissertations après l’apparition d’un chatbot sophistiqué capable d’imiter le travail universitaire, ce qui a suscité un débat sur les meilleurs moyens d’évaluer les étudiants à l’avenir.
ChatGPT, un programme créé par OpenAI, une entreprise soutenue par Microsoft, capable de formuler des arguments et de rédiger des textes convaincants, a suscité de nombreuses inquiétudes quant à la possibilité que les étudiants utilisent le logiciel pour tricher dans leurs travaux écrits.
Des universitaires, des consultants de l’enseignement supérieur et des spécialistes des sciences cognitives du monde entier ont suggéré que les universités développent de nouveaux modes d’évaluation en réponse à la menace que représente l’IA pour l’intégrité académique.
ChatGPT est un grand modèle de langage entraîné sur des millions de points de données, y compris de gros morceaux de textes et de livres. Il produit des réponses convaincantes et cohérentes à des questions en prédisant le prochain mot plausible dans une séquence de mots, mais ses réponses sont souvent inexactes et nécessitent une vérification des faits.
Lorsque vous demandez au programme de produire une liste de lecture sur un sujet particulier, par exemple, il peut générer de fausses références.
Cette semaine, quelque 130 représentants d’universités ont assisté à un séminaire du JISC, une organisation caritative britannique qui conseille l’enseignement supérieur en matière de technologie. On leur a dit qu’une « guerre entre les logiciels de plagiat et l’IA générative n’aidera personne » et que la technologie pourrait être utilisée pour améliorer l’écriture et la créativité.
La grande accessibilité de cet outil, qui est gratuit pour le public, a suscité des inquiétudes quant à la redondance des dissertations ou à la nécessité de ressources supplémentaires pour marquer le contenu.
Turnitin est un logiciel utilisé par environ 16 000 systèmes scolaires dans le monde pour détecter les travaux plagiés et peut identifier certains types d’écriture assistée par l’IA. L’entreprise américaine développe actuellement un outil destiné à guider les éducateurs dans l’évaluation des travaux comportant des « traces », a déclaré Annie Chechitelli, chef de produit chez Turnitin.
Mme Chechitelli a également mis en garde contre une « course aux armements » pour détecter les tricheurs et a déclaré que les éducateurs devraient encourager les compétences humaines telles que la pensée critique et la révision.
Une dépendance excessive à l’égard des outils en ligne pourrait avoir un impact sur le développement ou la créativité. Une étude réalisée en 2020 par l’université Rutgers a suggéré que les étudiants qui cherchent sur Google les réponses à leurs devoirs obtiennent des notes plus basses aux examens.
« Les étudiants ne vont pas obtenir des As automatiques en soumettant du contenu généré par l’IA ; c’est plus un cheval de trait qu’Einstein », a déclaré Kay Firth-Butterfield, responsable de l’intelligence artificielle au Forum économique mondial de Davos, qui a ajouté que la technologie s’améliorerait rapidement.
Les universitaires ont averti que l’éducation a été lente à réagir à ces outils. « Le système éducatif dans son ensemble est en train de se réveiller, [mais c’est] le même genre de problème que les téléphones portables à l’école. La réponse a été de l’ignorer, de le rejeter, de l’interdire, puis d’essayer de l’accommoder », a déclaré Mike Sharples, professeur émérite à l’Open University et auteur de Story Machines : How Computers Have Become Creative Writers.
Le passage à des évaluations plus interactives ou à des travaux de réflexion pourrait être coûteux et difficile pour un secteur déjà à court d’argent, a déclaré Charles Knight, consultant en enseignement supérieur.
« La raison du succès de la dissertation écrite est en partie économique », a-t-il ajouté. « Si vous faites une [autre] évaluation, le coût et le temps nécessaire augmentent ».
Universities UK, qui représente le secteur, a déclaré qu’il observait de près la situation mais ne travaillait pas activement sur la question, tandis que le régulateur indépendant de l’enseignement supérieur australien TEQSA a déclaré que les établissements devaient définir clairement leurs règles et les communiquer aux étudiants.
« L’apprentissage est un processus, il ne s’agit pas du résultat final dans de nombreux cas et une dissertation n’est pas utile dans de nombreux emplois », a déclaré Rebecca Mace, philosophe numérique et chercheuse en éducation à l’Institute of Education de l’UCL.
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